La nécessité de mesurer le temps nous anime depuis des millénaires. Cadran solaire, horloge hydraulique, sablier, horloge à roue… Puis, finalement, nous avons pu tenir le temps dans la paume de notre main. D’abord dans notre poche, comment la montre s’est-elle retrouvée à notre poignet ?

De la montre de poche…

Jeter un coup d’oeil à son poignet pour connaître l’heure est un geste si anodin, que nous en oublierions presque qu’il a fallu pendant un moment ne compter que sur le son des cloches des églises pour se repérer dans le temps. Car, si les horloges existent depuis le 13ème siècle, d’abord fabriquées par des serruriers avant que le métier d’horloger ne se développe pour répondre à la demande croissante, ce n’est qu’au 16ème siècle que celles-ci commencent à se miniaturiser pour prendre la forme d’une montre portative.

Une innovation naissante

Vers 1505, le serrurier-horloger originaire de Nuremberg (Allemagne) Peter Henlein, signe la montre Pomander. Celle-ci est reconnue comme la première montre mécanique portable. Elle avait la particularité de posséder un pommeau avec des essences aromatiques. Le parfum de musc de cette montre offrait des propriétés désinfectantes et résistantes aux mauvaises odeurs, pour pallier aux pauvres conditions d’hygiènes des villes de cette époque. 

C’est grâce à l’apparition du ressort moteur, remplaçant les poids et les poulies qui composaient les horloges de l’époque, que Peter Henlein a pu mettre au point cette grande nouveauté.

Par la suite, Peter Henlein créé une montre plus petite de forme ronde appelée « Œuf de Nuremberg ». Celle-ci devient très populaire vers 1580, et amorce l’engouement pour les montres de poche.  

Au cou des femmes et dans la poche des hommes

Les premières montres étaient relativement volumineuses et lourdes, elles étaient donc maintenues à l’aide d’une chaînette dans un sac ou dans une poche. Décoratives, il était également courant que les femmes les portent comme un bijou autour du cou grâce à un ruban.

Au fil du temps, ces montres s’aplatissent et rapetissent, devenant de plus en plus précises. Elles sont très appréciées et deviennent une véritable mode. Symbole de richesse jusqu’en 1700, elles finissent par se démocratiser et se retrouvent dans toutes les poches. Toutefois, selon leur taille et les matériaux qui les composent, elles donnaient des informations sur le niveau économique et culturel de leur propriétaire. 

En 1882, la fondation Audemars Piguet (aujourd’hui maison de luxe réputée), présente pour la première fois une montre à gousset à complications. Il s’agit du modèle à quantième perpétuel, avec répétition minutes ou chronographe. Précisons que jusqu’à cette création, l’appellation « montre à gousset », en référence à la petite poche dans laquelle le garde-temps était placé, n’existait pas et que c’est bien Audemars Piguet qui en est à l’origine. Cette dernière, ainsi que les autres montres à gousset de la maison, rencontrent un grand succès, et aujourd’hui encore elles sont très prisées des collectionneurs

Et la montre bracelet dans tout cela ? Eh bien, remontons un peu dans le temps…


Discrète et passée inaperçue, la première montre bracelet a pourtant bien fait son apparition durant l’apogée de la montre gousset !


… À la montre bracelet

Discrète et passée inaperçue, la première montre bracelet a pourtant bien fait son apparition durant l’apogée de la montre gousset !

Une commande étonnante

En 1810, la reine de Naples, passionnée d’horlogerie et grande collectionneuse de garde-temps et pendules en tout genre, passe une commande à Abraham-Louis Breguet : une montre pour bracelet à répétitions. 

Selon les archives de la prestigieuse maison, la montre Breguet N° 2639 est à répétitions et complications, de forme ovale et au bracelet en cheveux garnis de fils d’or. Malheureusement, aucun croquis n’a pu être retrouvé et celle-ci a disparu. La dernière trace de cette pièce à l’architecture exceptionnelle remonte à 1855, lorsqu’elle est amenée à la maison Breguet pour une réparation. En 2002, la collection « Reine de Naples », exclusivement féminine, est lancée pour rendre hommage à ce garde-temps novateur. 

Si cette première montre bracelet était bien une prouesse pour l’époque, ce n’est pourtant pas elle qui a façonné les lignes des montres telles que nous les connaissons aujourd’hui. 

Une révolution dans l’industrie horlogère

Il a fallu attendre 1904 pour que le garde-temps qui a popularisé la montre bracelet fasse son entrée. Cette année-là, l’aviateur brésilien Santos-Dumont qui ne trouve pas pratique de devoir sortir une montre de sa poche pour connaître l’heure en plein vol, demande à son ami Louis Cartier de lui confectionner une pièce capable de palier ce problème. 

Le petit fils de Louis-François Cartier, fondateur de la maison culte du même nom, va alors concevoir la Santos, première montre-bracelet pour homme. À savoir que cette innovation ne réside pas uniquement dans cela, mais également dans le fait qu’il s’agit de la première montre destinée à un public particulier. Car si la Santos a rapidement séduit le grand public, elle est à l’origine destinée aux aviateurs.

Louis Cartier, visionnaire, décide pour commencer de proposer le modèle à seulement quelques privilégiés. Un choix stratégique qui va créer un véritable engouement autour de ce garde temps. Ainsi, jusqu’en 1978, l’horloger écoulera environ 800 exemplaires de cette montre iconique. Elle sera finalement commercialisée à plus grande échelle et deviendra l’accessoire indispensable des années 80 !

Ce génie venait de poser une partie des bases fondamentales du monde de l’horlogerie tel qu’il est aujourd’hui.

Depuis, la maison Cartier n’a cessé de décliner la Santos : complications diverses (phase de lune, quantième perpétuel, chronographe…), mouvements en tout genre (quartz, manuel ou automatique), des boîtes galbées ou droites, des cadrans squelettés… Au total on décompte plus de 100 références, et elle reste aujourd’hui un pilier du catalogue Cartier.

Que ce soit par utilité, passion, nostalgie, ou pour le style, les montres racontent une histoire et se retrouvent désormais au poignet de chacun. Ainsi, malgré des innovations toujours plus high-tech et même si notre smartphone, notre ordinateur, ou encore notre voiture nous donnent l’heure, les garde-temps n’ont pas de souci à se faire ! 

Posted by:Alizée Adam

Chargée de communication

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