Si le Swiss made semble exister depuis la nuit des temps, cela n’a pourtant pas toujours été le cas. En effet, il a fallu des années mais surtout plusieurs bouleversements avant que ce label soit officialisé.

Un gage de qualité, empreint d’histoire et de savoirs ou encore de controverses, découvrez l’origine et les évolutions du Swiss made.

La genèse du label

Le chemin qui mène au Swiss made débute en 1880. À cette époque, la Suisse adopte pour la première fois une loi en faveur de la protection des marques de fabrique et de commerce. Cela signifie par exemple que c’est le moment pour les entreprises d’enregistrer leur logo, afin de protéger leur identité et de distinguer leurs produits.

C’est cet événement qui pose les premières briques vers ce qui fera naître plus tard le label Swiss made. Néanmoins, avant d’arriver jusqu’à cet encadrement juridique, la volonté d’une certification stricte se manifeste particulièrement dans le canton de Genève. 

La naissance d’un poinçon

En effet, à cette époque, il n’est pas rare d’utiliser la notion « Genève » sur les garde-temps conçus au sein de ce même territoire, berceau de l’horlogerie suisse qui compte encore aujourd’hui dans ses rangs de grands noms, tels que Patek Philippe ou encore Cartier. Étant sans conteste le vivier d’une horlogerie haut de gamme, certains s’emparent alors de la mention « Genève », afin de feindre un produit d’exception sur des réalisations n’y étant pourtant pas conçues. 

En réponse à ces « malfaçons », le poinçon de Genève, l’un des plus prestigieux au monde dont la mise en place est impulsée par la Société des horlogers de Genève, est créé en 1886.

L’officialisation du poinçon appuie encore un peu plus cette volonté de garantir la qualité des montres, mais souligne surtout la nécessité de préserver les savoir-faire horlogers. 

Une industrie en pleine mutation

Dès la fin du XIXe siècle, les horlogers suisses se voient pourtant bousculés et fragilisés par l’industrie américaine qui produit des montres en grande quantité. Puisque la compétitivité devient alors un enjeu crucial, les années 60 marquent les premiers pas d’une délocalisation en Asie de la fabrication de pièces pour les montres helvétiques. Principalement des pièces d’habillage, puisqu’à cette époque, c’est la montre mécanique qui supplante le paysage horloger et le mouvement est donc au centre de toutes les attentions.

Cette nouvelle organisation favorise ainsi la contrefaçon, des copies de Rolex ou encore d’Omega n’ayant pas tardé à faire leur apparition. Avec des boîtiers d’une grande qualité (mais un mouvement qui n’est pas Suisse) l’illusion est parfaite. Comme le souligne l’historien Pierre-Yves Donzé, dans cet article du journal Le Temps, « tout le monde pouvait tamponner Swiss made sur ses boîtes ».

Suite à ces abus, une réflexion est entamée et des mesures sont prises : en 1971 le label Swiss made est alors officialisé. Il intervient à la fois comme une réponse à un besoin d’encadrement légal face à la contrefaçon, tout en étant garant du maintien de la qualité des montres suisses.

Mais avant de passer aux critères qui certifient une montre Swiss made, avez-vous une idée de ce pourquoi ce label est en anglais ? 

Et bien tout d’abord, parce que l’anglais est une langue universelle, permettant une compréhension à l’international. D’ailleurs, cela prend également en compte l’importance du marché américain. Enfin, comme l’illustre la photographie ci-dessus, cette mention s’intègre parfaitement de part et d’autre du chiffre 6 du cadran d’une montre. 

Après avoir balayé l’historique de ce label, découvrons désormais quelles sont les règles nécessaires à la certification d’une montre Swiss made.

Les conditions et évolutions du Swiss made

Selon le COSC, les critères du label Swiss made sont les suivants :

Art. 1 Définition de la montre suisse

Est considérée comme montre suisse la montre :

– dont le mouvement est suisse ;
– dont le mouvement est emboîté en Suisse ;
– dont le fabricant effectue le contrôle final en Suisse ; 
– dont 60 % au minimum du coût de revient sont générés en Suisse.

Art. 2 Définition du mouvement suisse

Est considéré comme mouvement suisse le mouvement :

– assemblé en Suisse ;
– contrôlé par le fabricant en Suisse ;
– dont 60 % au minimum du coût de revient sont générés en Suisse ;
– qui est de fabrication suisse pour 50 % au moins de la valeur de toutes les pièces constitutives, mais sans le coût de l’assemblage.

En 2017, les conditions sont révisées suite à l’entrée en vigueur de la législation « Swissness ». Celle-ci modifie la définition du mouvement, passant à 60 % minimum de valeur suisse (contre 50 % précédemment), comme le souligne la Fédération de l’industrie Horlogère suisse.

À la suite de cette décision, certaines règles sont mises en place pour que cette transition soit plus douce. Par exemple, les stocks de boîtes et de verres datant de 2016 pouvaient être incorporés jusqu’en 2018. Et c’est seulement à partir de 2019 que le développement technique de la montre et du mouvement devait être effectué en Suisse.

Ce questionnement datant depuis le XIXe siècle n’a eu de cesse d’évoluer pour, aujourd’hui, limiter à la fois la contrefaçon tout en préservant la qualité horlogère suisse.

Sauvegarder le patrimoine

Au travers de symboles d’excellence à l’instar du Swiss made ou encore du poinçon de Genève, la Suisse est directement et instinctivement associée à l’horlogerie de par son histoire. Dans le but de rendre accessible cet héritage, c’est naturellement qu’en ce début 2022 est née la Fondation The Watch Library.

Préserver les savoir-faire

Quelle vocation a cette Fondation ? Celle-ci a pour mission de « numériser les archives horlogères dormantes des musées, entreprises, centres de recherche ou de particuliers pour les rendre accessibles au public sur une plateforme en ligne. », comme le précise cet article paru dans le journal Le Temps


Cette initiative promet la mise en avant à la fois du patrimoine suisse mais également international.


Si son siège est à Genève, cette initiative promet la mise en avant à la fois du patrimoine suisse mais également international, « en accord avec la reconnaissance des savoir-faire en mécanique horlogère et mécanique d’art par l’UNESCO au patrimoine culturel immatériel de l’humanité. », précise le site officiel.

Pas de frontière donc, y compris au sein des membres du Conseil regroupant « un collège d’experts suisses et internationaux issus notamment du monde de l’horlogerie, de l’innovation, de l’éducation et de l’art », dont la direction est assurée par Martine Depresle, de longue date dans le secteur de l’horlogerie. 

Rassembler au sein d’un même club

Les valeurs portées par ce projet sont proches de celles de Luxogood. En effet, en plus de la création et du libre accès de contenus vidéos et écrits autour du luxe, de son actualité comme son passé, nous comptons au sein de la plateforme des créateurs horlogers venant de tout horizon. 

De Vicenterra et son univers entre ciel et Terre, Kauri et ses montres en bois précieux en passant par Utinam revisitant les traditionnelles horloges comtoises… Du Swiss made oui, mais pas seulement, puisque nous aspirons avant tout à mettre en avant l’humain et l’histoire qui a poussé ses créateurs à concevoir des pièces uniques. 

Pour découvrir les montres et horloges présentes sur Luxogood, et bien plus encore, nous vous invitons à rejoindre le club !

Bien que le Swiss made aura permis au territoire d’asseoir son rayonnement à l’international face à la concurrence ou encore la multiplication des contrefaçons, le sujet fait aujourd’hui encore débat, au travers de la controverse concernant le coût de revient de 60 % minimum de valeur suisse.

Néanmoins gage de qualité, ce label s’inscrit au sein d’une volonté de sauvegarde des savoir-faire horlogers suisses, savoir-faire inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO en 2020. C’est en ce sens que de nouvelles initiatives voient le jour, dans le but de partager ces savoirs, qu’ils soient issus de la Suisse, ou internationaux.

 

Posted by:Esther

Content Manager

Leave a Reply