Le poinçon est couramment utilisé pour marquer d’un symbole ou d’initiales une création. Ce peut être, par exemple, pour informer de sa teneur en métal précieux ou encore de l’origine de l’objet. Mais lorsqu’il s’agit d’horlogerie, le poinçon fait immédiatement écho aux traditions, aux savoir-faire, et surtout à une haute qualité.

Dans cet article, retraçons l’histoire du poinçon vipère et du poinçon de Genève, des certifications uniques au monde.  

Avant de commencer, si vous n’avez pas eu vent de cette information, il est intéressant de noter que depuis 2020, le savoir-faire horloger et la mécanique d’art sont entrés au patrimoine culturel immatériel de l’UNESCO, suite à la candidature portée par la Suisse et la France. Cette annonce sonne comme une véritable reconnaissance de ces métiers exigeants et rigoureux, et c’est pourquoi nous souhaitons traiter du sujet des poinçons français et suisse, au sein du même article.

Le poinçon vipère

Avez-vous déjà observé cette tête de serpent estampillée sur les mouvements de garde-temps ? Il atteste de la précision et de la stabilité des montres mécaniques. Ce poinçon symbole d’excellence a traversé le temps, mais non sans difficulté comme nous allons le voir !

L’histoire du poinçon

Tout commence à Besançon, au cœur de la région Bourgogne-Franche-Comté. Afin de soutenir les métiers de l’horlogerie et de valoriser la qualité des créations horlogères, la ville prend la décision de construire un observatoire, comportant un service chronométrique permettant d’analyser la précision des montres. Cette initiative a fait de Besançon en 1882 « Capitale de l’horlogerie française ». C’est pour assurer la distinction des pièces ayant reçu le bulletin de marche de la part de L’observatoire, que le poinçon vipère est donc créé et apposé pour la première fois en 1897.

Jusque dans les années 70, le secteur de l’horlogerie dans l’est de la France se porte pour le mieux. Mais cette période ne tarde pas à s’assombrir, suite à l’arrivée des montres à quartz (ou montres électroniques). La popularisation de ces montres plus précises, a stoppé presque intégralement les contrôles de L’observatoire, poussant ce dernier à développer d’autres services, tels que celui de métrologie. Il aura fallu attendre presque 30 ans avant de voir réapparaître ce symbole. 

En effet, c’est en 2006 que le poinçon vipère refait son apparition avec un bulletin mis à jour, c’est-à-dire avec de nouvelles modalités de contrôle. 

Les caractéristiques du poinçon

L’observatoire de Besançon est le seul organisme indépendant à certifier des chronomètres lorsque le produit est fini. Autrement dit, une fois la montre entièrement montée. Quelles sont alors les caractéristiques évaluées à ce jour ? 

Pour obtenir cette certification, la montre est testée durant seize jours, durant lesquels elle est placée dans différentes positions, pour finalement contrôler ses « mécanismes enclanchables (chrono, etc.) », et à différentes températures allant de 38°C à 8°C. 

Selon les précisions de L’observatoire, les trois critères permettant de juger de la valeur d’un chronomètre sont l’écart moyen de la marche diurne ; l’écart moyen de période à période et enfin l’erreur de compensation pour un degré centigrade. Une véritable épreuve technique où la précision est de mise. 

Si l’exigent poinçon à la tête de vipère est gage de qualité, il est également la garantie d’un savoir-faire d’exception. Des montres Pequignet, Zénith ou encore Tag Heuer présentent cette précieuse certification. 

Le poinçon de Genève

Passons désormais à un poinçon créé non loin de L’observatoire de Besançon, de l’autre côté de la frontière : en Suisse. 

Les origines du poinçon

Au cours du XVIIe siècle, les horlogers de Genève se sont forgés une solide réputation. Connus pour créer des pièces de haute qualité, la contrefaçon n’a malheureusement pas tardé à faire son apparition. Le nom de la ville de Genève était largement utilisé et gravé sur les montres, bien que celles-ci n’étaient en réalité pas conçues au sein du canton. 

En 1873, la Société des Horlogers est fondée pour lutter contre cette vague, préserver les savoir-faire ainsi que l’exigence appliquée aux créations horlogères dans cette région. Dans le but de garantir la pièce comme étant créée à Genève, par un artisan lui-même installé dans le canton, en 1886 une loi est établie et donne naissance au poinçon de Genève. 

Comme le précise son site officiel : « Le poinçon sera alors apposé sur une pièce du mouvement (sur la platine et un pont), le plus en vue possible. Au surplus, le bureau délivrera ou légalisera des certificats d’origine. »

Le bureau de contrôle s’assure donc de la qualité des ouvrages, grâce à des examens testant la marche du mouvement au travers de tests effectués au minimum six jours. Par ailleurs, la provenance est également inspectée, dans le but de sauvegarder les savoir-faire au sein d’un même territoire, puisqu’en effet, le bureau de contrôle devra « faire toute publicité nécessaire pour faire connaître soit en Suisse, soit à l’étranger, l’institution d’un Bureau de contrôle des montres de Genève. » 

Les premiers à bénéficier de cette certification seront les maisons Vacheron-Constantin et Patek Philippe. Mais au cours de son histoire, le poinçon de Genève a lui aussi connu des évolutions suivant les avancées techniques.

Un changement majeur

En 2009, le poinçon de Genève connaît un véritable tournant puisque c’est à ce moment que la maison Patek Philippe prend le parti de développer son propre poinçon, prenant en compte les caractéristiques de la montre finie, comme il l’est mentionné sur le site de la maison genevoise« Ces standards d’excellence sont incarnés par le Poinçon Patek Philippe, qui s’applique à toutes les montres mécaniques et garantit que l’ensemble des critères de qualité de la manufacture – les plus sévères de l’industrie horlogère suisse – ont été respectés. Chaque détail est pris en considération afin d’obtenir le meilleur résultat. Tous les éléments des garde-temps (mouvement, intérieur et extérieur du boîtier, cadran, poussoirs, etc.) doivent être travaillés avec minutie. » 

Alors que certaines grandes marques horlogères ont commencé à créer leur propre poinçon, il a fallu pour le poinçon de Genève évoluer, pour répondre à de nouveaux besoins.


Le poinçon de Genève ne prend plus seulement en compte le mouvement mais bien l’ensemble de la montre.


Les caractéristiques du poinçon

Depuis 2012, le poinçon de Genève ne prend plus seulement en compte le mouvement, mais bien l’ensemble de la montre. En effet, cela comprend l’habillage et la fabrication des composants, l’assemblage, le réglage et l’emboîtage, devant être réalisés à Genève. Par ailleurs, c’est aussi la précision, l’étanchéité, les fonctions et la réserve de marche qui sont évalués, comme la maison Vacheron-Constantin l’explique ici.

Bien que certaines grandes maisons se soient désolidarisées de ce label au travers de la création de leur propre poinçon, ce dernier reste un gage d’excellence et compte parmi ses certifiés des noms comme l’historique Vacheron-Constantin, Chopard ou encore Cartier.

Symbole de traditions, la garantie d’une haute qualité ou indicateur de l’origine de la pièce, le poinçon a participé au fil des siècles à préserver les savoir-faire horlogers et à faire de cet ensemble de techniques qu’est l’horlogerie une science toujours plus poussée et rigoureuse. 

Cet univers, marqué par le temps et son histoire, ne comprend d’ailleurs pas uniquement ces deux poinçons de renom. En effet, nous pouvons également trouver des certifications, telles que le COSC (Contrôle Officiel Suisse des Chronomètres) créé par cinq cantons horlogers en suisse, certifiant une montre comme chronomètre, ou encore le Swiss Made qui fera l’objet d’un article à part entière. 

Enfin, si vous souhaitez aller plus loin, n’hésitez pas à consulter cet article au sujet des poinçons, en joaillerie.

Posted by:Esther

Content Manager

Leave a Reply